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03/07/2008

Des tours dans le 14eme !

Bertrand Delanoe veut des tours dans Paris, les parisiens eux n’en veulent toujours pas. Malgré sa vision peu partagée, celui ci s’apprêteIMG_6746.JPG néanmoins à lancer au niveau de la ville de Paris un long processus de communication pour faire aimer les tours aux parisiens. Après quelques concours d’architectes autour de sites plus ou moins virtuels déjà identifiés (6 sites actuellement en vue dont Masséna -13e-, porte de la Chapelle, Paris Expo -15e-, Batignolles … ), la figure se précise autour des tours que souhaiterait mettre en place le maire de Paris : finie la limite actuelle de hauteur à 37 m, mais une volonté d’augmenter cette limite à 50 m pour des immeubles de logements, soit des barres ou des tours de 17 à 18 étages ,et jusqu’à 200 m pour les immeubles de bureau.

Si rien encore n’est défini pour le 14eme arrondissement, et aucun site n’a été jusqu’ici identifié pour accueillir de tels projets, la Mairie de Paris engage des modifications de cette limite principalement pour les arrondissements périphériques comme le notre. En parallèle, l’APUR ( Atelier Parisien d’Urbanisme) a d’ores et déjà commencé les recherches de sites dans le 14e, principalement pour y implanter des immeubles de logements sociaux de grande hauteur. Le dernier conseil d’arrondissement (2/7/08) a ainsi été l’occasion d’une opposition assez nette entre partisans des tours et défenseurs du patrimoine et de la qualité de vie. L’opposition municipale menée par Marie-Claire Carrére-Gèe (UMP) a ainsi été rejointe par les Verts pour tenter d’amender les délibérations du Maire d’arrondissement, Pierre Castagnou, portant sur « l’évolution du paysage urbain parisien sur sa couronne » autrement dit la construction de tours dans des arrondissements comme le 14eme.

Après les erreurs urbanistiques dictées par la crise du logement d’après guerre, et plusieurs crises du logements plus tard, les mêmes recettes devraient être utilisées. A l’instar des années 60 où les tours étaient présentées de façon extrêmement positives sur les notions de confort (de l’eau et du gaz à tous les étages…), les tours promises sont elles vendues sur le thèmes du beau, de l’œuvre d’art avec, éventuellement une touche d’écologie. Depuis quelques temps d’ailleurs, le débat se décline sous forme d’images de synthèse parfois plus fantaisistes que futuristes dans de nombreux journaux pour vendre l’idée des tours de très grande hauteur. Le beau serait donc l’apanage du grand. Alors que les villes des pays émergents rivalisent pour gagner en verticalité, Paris veut rentrer dans la course, mais à son échelle malgré tout, soit 3 à 4 fois moins haut.

Pour des immeubles à vocation économique, ce n’est pas tant le concept de hauteur qui pose problème que l’intégration de ces bâtiments dans le tissu urbain. Le quartier d’affaire de la Défense montre qu’il est possible de concilier une amélioration de l’attractivité économique par la production de m² de bureau et paysage urbain en perpétuel renouvellement. Mais la tour Montparnasse illustre à elle seule ce problème d’intégration dans le paysage urbain parisien. Que l’on soit désormais majoritairement attaché à cette tour ne tient il pas du fait qu’elle soit unique ? Sur le ton de la boutade, le maire d’arrondissement du 14e affirme aimer tellement la tour Montparnasse qu’il serait favorable à ce qu’il y en ait une dizaine d’autres… Pourtant, Bertrand Delanoë fut il y a quelques années partisan pour raser cette tour ( voir article parisObs).

Pour les immeubles de logement, hormis le problème d'intégration dans le paysage urbain, les difficultés se multiplient : Un premier problème réside dans le fait que ces bâtiments chers à la construction se révèlent d’autant plus chers à l’entretien. Hormis des immeubles de grand standing, type Front de Seine, les tours se montrent donc peu adaptées au logement, et a fortiori au logement social. Les immeubles déjà présents dans l’ouest du 14eme arrondissement (Moulin de la Vierge, Rue Vercingétorix) montrent de façon amplifiée tous les problèmes d’entretien à travers les ravalements à répétition, les insatisfactions des habitants face au moindre problème d’ascenseur et aux types de gestion de ce genre de grand ensemble. Cela rejoint d’ailleurs le problème le plus criant et le plus trivial au vu de l’évolution des banlieues françaises où surdensité de population et sélection des classes les plus modestes ont conduit à l’état que l’on connait actuellement. On a montré que cela ne fonctionne pas , donc on continue et on amplifie puisque la volonté de construire en hauteur du Maire de Paris s’attacherait très majoritairement à répondre au souhait de vouloir remplir le puits sans fond qu’est la demande de logement social. On garde la verticalité, mais on remplit dans des directions opposées.

Le beau, qu’il est difficile de juger a priori, serait suffisant à lui seul pour répondre à ces problèmes. Le développement durable, fortement mis en avant, permettrait quant à lui de justifier ces constructions: combattre l’étalement urbain en augmentant la densité des villes – mais le 14e arrondissement affiche déjà une densité record de 24 000 habitants au km² -- et se rapprocher des exigences du grenelle de l’Environnement – s'en rapprocher seulement car les tours sont par définition les constructions les moins aptes à atteindre ces exigences--. Malgré toutes ces vertus, seuls les arrondissements périphériques comme le nôtre en serait gratifiés. Cependant la construction de tours n’est pas pour demain puisque nécessiterait la révision du Plan Local d’Urbanisme. Le plus gros chantier qui s’annonce pour le maire de Paris et pour ses édiles de chaque arrondissement est d’en faire accepter vaille que vaille l’idée aux parisiens: les grandes manœuvres de communication s’annoncent pour la rentrée avec « débat citoyens » autour d’experts, vraisemblablement la corporation des architectes et autres grands bâtisseurs, et in fine une consultation des citoyens qui pourrait aller du référendum local, demandé par l’opposition et par les verts, à une plus vraisemblable consultation des seuls conseils de quartiers. Mais à Paris quand la communication est en marche, les projets semblent entérinés.