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27/03/2007

La dernière des fermes de Paris

Pour beaucoup il ne s'agit que d'une façade décrépie et grise avec une énorme porte, pour d'autres elle couvre des trésors cachés. L'adresse des 26 à 30 rue de la Tombe Issoire (14eme) abrite ce qui fut l'une des dernières fermes de la capitale. Si le bâtiment ne présente un intérêt que relatif, en revanche son sous sol abrite une carrière souterraine peu commune. A la différence des nombreuses carrières qui parcourent le sous sol du 14eme et qui représentent par ailleurs le risque naturel majeur de l'arrondissement, celle ci est ornée d'élément architecturaux et de construction datant du moyen âge, où elle servait déjà de zone d'extraction de la pierre essentielle à la construction du Paris d'alors. C'est notamment cette particularité qui lui a valu d'être classée aux Monuments Historique par deux ministres de la culture successifs, Jack Lang et Jacques Toubon.

 

Propriété d'un promoteur immobilier, l'immeuble est source de nombreuses polémiques puisque depuis une vingtaine d'année près de 30 permis de construire et de démolir sont déposés, proposant des projets d’immeubles de standing à des résidences étudiantes ou de retraites. Car si le promoteur est bien propriétaire du sol et du bâti, il l’est évidemment aussi du sous sol et donc tenu d’en assurer la conservation étant donné le classement des ces carrières. Or, selon les experts des carrières toute nouvelle construction engendrerait un risque sur la stabilité des terrains. Si le classement aux monuments historique ne visait pas à figer les bâtis surplombant ces carrières, les modifications du Plan Local d’Urbanisme d’une part et les risques liés à une réhabilitation des immeubles d’autre part ont conduit à rendre la ferme de Montsouris incontournable dans sa forme actuelle. Cela impliquera donc une restauration des bâtiments existant.

 

Alors que de nombreuses tentatives du promoteur, tant judiciaires que d’actions de démolitions et d’expertises, n’ont pu aboutir, la mairie du 14e souhaite désormais porter un point final en préemptant la totalité des surfaces et des bâtiments. Coût du rachat : 9 millions d’Euros pour 2750 m² de surface non constructible, mais avec des bâtiments qui devront être restaurés. Si les projets qu’abriteront ces bâtiments (grange, ferme ainsi que maisons de faubourg) reste encore flou plusieurs pistes pourront être étudiées, poussé notamment par un collectif d’associations « collectif de Port Mahon et de la Ferme de Montsouris » : projets culturels, logements sociaux (bien que les normes du logement social s’accommodent difficilement de bâtiments anciens restaurés) ou services de proximité. Mais quelles probabilités donner à cette issue? Le promoteur apparaissant toujours rétif à cette solution, le vœu du maire d’arrondissement rejoint parfois le registre des promesses pour une prochaine mandature, en n’hésitant pas à se déclarer seul garant de la conservation de ces carrières, malgré l’indifférence du Ministère de la Culture et surtout de l’Inspection Générale des Carrières, service dépendant de la Mairie de Paris.

 

En attendant, les bâtiments continuent leur lente dégradation et les riverains en subissent les désagréments.