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03/07/2006

Oeuvres très contemporaines pour les maréchaux

Si l'approche de l'art contemporain par le grand public est toujours une chose difficile, il est à craindre un simple rejet lorsque cet art lui est imposé. Ainsi vous avez pu suivre sur ce site comment à l'occasion du tramway l'art s'est invité dans la ville, mais en rejetant le Paris d'en bas qui lui faisait un appel du pied.

 

Art "libre et gratuit", enfin presque

Dans le cadre des travaux d'aménagement du futur tramway, 4 millions d'Euros sont réservés à la mise en place de plusieurs oeuvres d'art. Si le montant de cette enveloppe peut sembler au quidam pour faramineux, il est à relativiser avec le coût global du projet qui dépasse les 300 Millions d'€ qui, là, semble plus simplement pharaonique. Bref, 4 millions, soit légèrement plus que les 1% Malraux. D'un point de vue dépenses publics, ces 4 millions d'€ s'effacent donc totalement devant le seul débat qui perdurera longtemps: celui de l'utilité d'une dépense à plus de 300 millions d'€.

Mais à budget fixé, les possibilités sont multiples pour faire partager l'art tout en respectant l'esprit de l'initiateur de la Culture pour tous, André Malraux: mise en valeur du patrimoine architectural, distillation de l'art dans le mobilier urbain, multiplication des installations artistiques ou ... achats d'oeuvres à vil prix. Il semble que ce soit vers cette dernière solution qu'ont préféré se tourner les grandes pontes de l'Hôtel de Ville.

Alors qu'une multitude d'artistes (dont beaucoup dans le 14e) éprouve d'énormes difficultés pour voir leur oeuvres exposées et pour enregistrer des commandes ne serait ce pour vivre, le budget de l'accompagnement artistique se verra réparti entre 9 oeuvres seulement, contre une quinzaine annoncées initialement. Le budget moyen d'une oeuvre (coût de l'installation comprise) s’élève désormais à plus de 440 000 €. Les simples habitants des maréchaux doivent avoir quelques difficultés à appréhender le train de vie d'un artiste de renommée mondiale.... Car le choix fut délibérément de sélectionner les plus grands artistes contemporains. Et cette grandeur ne se mesure pas en cm mais en euros. Motif évoqué: les boulevards des maréchaux méritent ce qu'il y a de mieux. Reste que l'appréciation du mieux est souvent subjective.

Des oeuvres très contemporaines...

Et le mieux étant souvent l'ennemi du bien, on imagine la vie radicalement changée des promeneurs du parc Montsouris qui, par mégarde, s'assiéront sur l'oeuvre "Murmures". Dans un style de coussin péteur, les bancs équipés d'un haut parleur détecteront le surpoids créé par le postérieur du badaud, et lui insuffleront alors des mots d'amour. Et si l'art, tout comme l'amour, n'a pas de prix, le haut parleur, lui, en a un puisque il reviendra à 13 000 €... 10 Haut parleurs, soit 130 000 €, seront installés dans l’allée du Parc Montsouris parallèle au boulevard Brune.

L’envolée lyrique continue lorsque sont évoquées les installations de tôle sur un bâtiment attenant à l’ancien aqueduc: les reflets des multiples plans métalliques mobiles évoqueront l’eau, source de vie, jadis passant dans l’ouvrage. Coté ouest, à l’instar des jeux de cascades de lumières rouges du Monoprix porte de Châtillon (œuvre non financée par les deniers publics, mais dont il serait intéressant de connaître le prix), les œuvres sélectionnées porteront sur des installations lumineuses: cubes apposés sur la façade de l’IPP ou hémisphère de graphismes projetés de façon variable représentant la multi-ethnicité du Quartier Politique de la Ville à la frontière 14e/15e. Pour ces 3 dernières œuvres, malgré une demande explicite en Conseil d’arrondissement sur le montant de chacun de ces marchés, le prix n’a pas été rendu public. Donc supposons de l’ordre de 450 000 €.

Si l’approche de l’art contemporain est souvent difficile pour le commun des mortels, la critique est chose encore plus ardue. Pour peu que cela soit un art officiel, issu de commande publique, la critique devient alors interdite, car celui qui s’y risque est instamment, mais à mot couvert, taxé de fascisme: « nous savons quel type de régime émet de tels propos sur l’art » lança l’adjointe à la culture à l’opposition UMP qui l’interrogea sur le bien fondé d’une telle dépense. Moins vertement attaqué, le groupe écologiste toujours dans la majorité municipale manifesta lui aussi son faible entrain vis-à-vis de ces projets, en regrettant les seules présentations « simplistes et enfantines » faites par les adjointes à la culture et à la voirie, et le manque d’information sur les œuvres en question.

Et pour cause, malgré une réponse orale de B.Delanoë (a), les réponses écrites de nos élus du 14eme(b), les engagements initiaux sur l’information et la concertation avec les arrondissements(c), le choix de ces œuvres est resté confiné à un cénacle sans qu’aucune information ne soit donnée. Soulagement : Mercredi 5 juillet, 18h30, à la mairie du 14eme, elles seront enfin dévoilées aux habitants. Bizarrement ce sera également la première présentation aux élus des œuvres pour lesquelles il leur était demandé de voter l’octroi d’1 millions d’euros.

(a) Compte rendu de mandat du 12 décembre 2005 au gymnase Mouchotte

(b) Réponse au conseil de quartier Didot Porte de Vanves – Septembre 2005

(c) Conseil d’arrondissement d’Avril 2005

 

Commentaires

J'aime beaucoup l'art ... MAIS 4 M€ tout de même! Alors que ces dizaines de SDF crèvent dans la rue dans notre 14ème, que la dette de la France est abyssale. Il serait peut-être temps de revoir les priorités.

Écrit par : laurent | 11/08/2006

Franchement, les cubes sur la facade de l'iPP sont juste moches et invisibles. En journée l'éclariage est si faible qu'on en distingue pas les couleurs..
Je serais curieux d'en connaitre le prix.

Écrit par : louis | 20/02/2007

Cet art officiel n'a que le budget d'officiel .... Les palmiers dans le 13e ne s''érigent plus tellemnt le mécanisme était fait de breloques, la cabine téléphonique de Mmme calle sur le pont du garigliano est une verrue et dans le 14e quasiùment personne ne voit les oeuvres d'art.

Quel gâchis !!

Écrit par : Loulou | 02/01/2008